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Vulnérabilité systémique des métabolismes socio-économiques des territoires

Concept de vulnérabilité métabolique

Le concept de "vulnérabilité métabolique", récemment introduit par (Bahers et al., 2019), prolonge celui de "vulnérabilité environnementale". Si les travaux se référant à la vulnérabilité environnementale (Mathis et al., 2016) s’attachent à interroger les dispositions d’une société à être plus ou moins bien préparée à supporter un changement brutal de son environnement, la vulnérabilité métabolique s’intéresse au prolongement de ces modifications perturbatrices dans l’analyse de la circulation des ressources, au travers de leur extraction, de leur production et de leur fin de vie en tant que déchets, entre territoires de consommation et territoires d’approvisionnement et de rejets. En bref, le fonctionnement de la société repose sur des flux de matière et d'énergie (le "métabolisme") et il s'agira d'analyser la vulnérabilités de ces flux à des chocs et/ou perturbations.Pour caractériser la vulnérabilité, on pourra se référer au cadre d'analyse de [Turner2003] (le croisement entre une exposition, une sensibilité et une capacité d'adaptation) pouvant être croisé avec celui de (Füssel, 2007) (quel est le système étudié ? qu'est-ce-qui est menacé ? par quoi ? à quelle échelle temporelle ? à quelles échelles d'organisation ?).

Objectifs de la thèse

L’objectif de cette thèse est de concevoir et de tester des processus participatifs accompagnés informatiquement, fictifs au moins dans un premier temps, mettant en jeu les trois phases suivantes :
i. Co-construction d’une ou de plusieurs alternatives socio-techniques d’un territoire donné en respectant les contraintes biophysiques imposées,
ii. Évaluation multicritère de la / des alternative(s) et de leurs vulnérabilités,
iii. Délibération et itérations sur les phases précédentes.

Le principal but recherché n’est pas dans l’immédiat le réalisme des modèles quantitatifs sous-jacents mais plutôt la mécanique mise en jeu (exploration des possibles pour construire l’alternative, mise en évidence de compromis, évaluation des alternatives, délibération collective). La partie “évaluation” comportera : (i) la question directement calculable de la soutenabilité environnementale, (ii) une phase qualitative ou semi-quantitative de questionnement sur la vulnérabilité du système décrit (tests de chocs exogènes etc.), ainsi que sur la reconfiguration des jeux de pouvoir entre les participants.

D’un point de vue opérationnel, il s’agira de construire un outil démonstrateur de modélisation systémique des capacités biophysiques d’un territoire. Dans un premier temps, la priorité sera fixée sur la largeur, c’est à dire en modélisant grossièrement mais dans leur totalité, l’ensemble des secteurs et toutes les ressources nécessaires aux activités humaines du territoire. Dans un second temps, chaque secteur sera modélisé de plus en plus précisément selon les données disponibles pour les territoires ciblés.

Cet outil de modélisation utilisera une approche basée sur des analyses de flux de matière (AFM)
pour chaque filière de production/consommation. La démarche valorisera aussi la méthodologie de planification participative COOPLAN d’IPD qui permet de façon très robuste et adapté à tous les participants, de combiner un grand nombre d’actions hétérogènes dans des stratégies inter-sectorielles et multi-échelles. La première phase expérimentale inclura une vérification pragmatique des conditions
d’appropriation et d’usage collectif dans un groupe d’acteurs.

Dans un deuxième temps, l’outil devra fournir un mécanisme de passage à l’échelle permettant de concevoir des outils décisionnels de modélisation et de simulation à partir des données réelles. Pour être aisément manipulables, les outils de simulation utilisent des échelles de quantité simplifiées (de 1 à 5 unités) alors que les données réelles sont bien plus complexes et utilisent des unités diverses. Enfin, l’outil sera paramétrable en temps réel afin d’accompagner la maturation de la faisabilité des différents scénarios élaborés durant un processus participatif réunissant les acteurs d’un territoire donné.

Un protocole évaluatif processus-impact sera proposé sur la base des acquis des méthodologies ENCORE d’IPD. L’expérimentation portera non seulement sur l’émergence et la pertinence des alternatives, mais sur leur appropriation et les impacts sociaux sur les participants.

Bibliographie

Bahers, J. B., Perez, J., & Durand, M. (2019). Vulnérabilité métabolique et potentialités des milieux insulaires. Le cas de l’île de Ndzuwani (Anjouan), archipel des Comores. Flux, (2), 128-146.

Füssel, HM. (2007) Vulnerability: A generally applicable conceptual framework for climate change research. Global Environmental Change, 17(2):155-167. doi: 10.1016/j.gloenvcha.2006.05.002

Mathis C-F., Frioux S., Dagenais M., Walter F., (2016). Vulnérabilités environnementales : perspectives historiques. VertigO, 16(3). https://id.erudit.org/iderudit/1039973ar