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Analyse de la dynamique de propagation des perturbations intra et inter-sectorielle dans le contexte de crises à court terme

Contexte

Le World Economic Forum produit annuellement un document d’évaluation de perception des risques systémiques basé sur des dires d’experts ; ces interconnexions sont représentées graphiquement sur la figure ci-dessous, telles qu’elles ont été décrites pour l’année 2023. Cinq grandes catégories de risques peuvent être identifiées : économiques, géopolitiques, environnementaux, sociétaux et technologiques. Une partie importante des interconnexions entre ces risques reflète les liens existants entre les différents secteurs de changements globaux planétaires.

Global risks landscape: an interconnections map (World Economic Forum, 2023)

A la lumière des récents évènements des années passées, nous pouvons constater que les risques systémiques liés à la propagation de chocs divers à travers ces différents secteurs d’activité sont à la fois réels et largement sous-estimés.

Le terme « contagion systémique » utilisé pour désigner ce type de processus fait référence à la propagation d’une crise à l’ensemble de nos économies interconnectées et dont l’origine se situerait dans un secteur spécifique, qu’on peut comparer de façon imagée à un effet domino. Si des crises de ce type deviennent suffisamment nombreuses et/ou importantes, un risque de déclin voire d’effondrement peut en résulter à terme si chacune d’elles produit une incapacité du système socio-économique à retrouver un état similaire à son état antérieur. Ce type d’effondrement se caractérise donc par une série de dégradations en paliers cumulatifs successifs plutôt que par un seul événement disruptif majeur.

On peut s’attendre à ce que chacune de ces crises se produise sur des échelles de temps assez courtes (quelques semaines à quelques mois), mais leur condition de déclenchement est a priori aléatoire. Cette caractéristique différencie ce type de processus des mécanismes d’effondrement global tels qu’étudiés dans le rapport Limits to Growth qui ont resurgi dans le débat public comme dans le milieu académique depuis quelques années. Ces derniers sont par exemple liés aux pressions sur les ressources ou sur l’environnement, et relèvent de dynamiques tendancielles de beaucoup plus long terme (quelques décennies). Cependant, les dégradations à long terme pouvant présenter des points de rupture très rapides (une sécheresse extrême peut par exemple ruiner la production agricole d’un pays en quelques mois), il est possible qu’un seuil franchi par ces dégradations globales puisse servir de déclencheur à une
contagion systémique.

Objectif de la thèse

Le but de cette thèse est de construire, en collaboration avec des acteurs de la société civile, un outil de simulation et d’analyse des conditions d’apparition et de propagation intra et inter-sectorielle des crises. Un tel outil peut s’intéresser à différents niveaux d’échelle, mais nous nous focaliserons très probablement sur l’échelle nationale.

Dans un premier temps, nous nous intéresserons à la propagation sur le territoire français d'une perturbation spécifique : un black-out électrique. Un modèle jouet sera bâti après avoir exploré la bibliographie et identifié les pistes méthodologiques pertinentes et les interdépendances entre les secteurs sélectionnés. Une analyse de criticité des connexions inter-sectorielles qui constituent le vecteur principal de propagation de crise sera nécessaire.

Par la suite, en ayant pour socle ce premier modèle, nous tenterons d'explorer de nouvelles conditions et de nouveaux secteurs d'apparition de crises à court terme. Le choix de l’outil et les échelles pertinentes de développement de crise dépendra du type de crise considéré. Établir une typologie des différents modes de crise fera également partie du périmètre de l’exercice, l’idée étant de développer à la fois une capacité à modéliser différents types de crise, et une méthodologie générale à cet effet.