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Quelles ont été les controverses économiques soulevées par le rapport Meadows au moment de sa parution ?

Franck-Dominique Vivien

La publication du rapport Meadows (1972) a eu un très grand retentissement. Enorme succès de librairie, il a suscité d’importantes réactions jusqu’aux plus hautes sphères de décision. Il ne pouvait laisser indifférents les « conseillers du prince », comme aiment à se décrire les économistes. La controverse est effectivement vive et immédiate au sein de cette communauté : certains économistes saluent The Limits to Growth (TLG), d’autres le critiquent vertement.

Les prémices de l’économie écologique

Dès le milieu des années 1960, une poignée d’économistes hétérodoxes1 appellent à un changement de paradigme au sein de leur discipline du fait de la nécessité d’y intégrer des contraintes écologiques fortes. Boulding (1966) oppose ainsi l’« économie du cow-boy » – entendons, celle qui pense son essor de manière infinie – à l’« économie du vaisseau spatial Terre » qu’il appelle de ses vœux, laquelle doit impérativement s’insérer dans les limites de la biosphère. Ces travaux pionniers constituent l’arrière-plan de TLG. Dans un texte rédigé en réponse à la controverse suscitée par ce dernier, Dennis Meadows (1973) déclare : « Notre espoir est qu’il se trouvera des esprits plus imaginatifs pour répondre aux défis de tout ordre que lance, à la recherche économique et sociologique, le problème d’un état matériellement stabilisé ». Il précise, dans une note en bas de page : « Des économistes comme Kenneth Boulding, Ezra Mishan, Herman E. Daly, Nicholas Georgescu-Roegen ont déjà commencé ».

La perspective de l’état stationnaire de John Stuart Mill (1848)2 apparaît en arrière-plan du rapport Meadows (1972, p. 279) – ce que l’on désigne alors comme la « croissance zéro ». Daly (1971) – dont un des articles figure dans la bibliographie de TLG – l’a remise à l’ordre du jour au début des années 1970 dans une version beaucoup plus volontariste que celle élaborée au XIXe siècle. Selon lui, le capitalisme ne se mettra pas naturellement sur cette trajectoire, comme le pensait John Stuart Mill à son époque, mais à condition que l’on mette en œuvre des politiques publiques limitant la taille de l’économie et de la population. La perspective de ce qu’on appellera bientôt la « soutenabilité forte » se trouve ainsi lancée par le premier rapport au Club de Rome. L’économie écologique, qui va se structurer à la fin des années 1980 – et dont Daly sera un des artisans – inscrira cet objectif au cœur de sa doctrine (Costanza, Daly, 1987).

Dans une lettre adressée à Georgescu-Roegen, en novembre 1972, Meadows écrit : « Votre analyse de la nature entropique des ressources a eu une influence considérable sur la réflexion des membres de mon groupe. »3 En publiant The Entropy Law and the Economic Process, un an auparavant, Georgescu-Roegen (1971) a, en effet, proposé que l’analyse économique s’ouvre aux enseignements de la thermodynamique et de la biologie afin de traiter de la question écologique sur le long terme. Rien d’étonnant, donc, à ce que, dans un premier temps, il apporte son aide à l’équipe de Meadows (Levallois, 2010), en proposant de répondre aux critiques dont fait l’objet TLG de la part des économistes mainstream. La conférence qu’il donne à la School of Forestry and Environmental Studies de l’Université de Yale, en 1972, dans le cadre du cycle « Limits to Growth : The Equilibrium State and Human Society », une conférence qui sera publiée quelques années plus tard sous le titre « Energy and Economic Myths » (Georgescu-Roegen, 1975), témoigne de son engagement dans la controverse suscitée par le rapport Meadows. Il y évoque, entre autres, la « manie de la croissance » des économistes, dénoncée par Ezra Mishan (1967), quelques années plus tôt. Mais, bien vite, il va prendre ses distances vis-à-vis de l’état stationnaire prôné par Daly pour développer une perspective plus radicale qu’il baptise « bioéconomie »4.

Les écrits de Georgescu-Roegen sont traduits en français et publiés quelques années plus tard par Grinevald et Rens (1979) sous le titre programmatique de Demain la décroissance – un terme qui est apparu en juin 1972, à Paris, au cours d’un débat sur le thème « Écologie et révolution » auquel participaient, entre autres, André Gorz, Edgar Morin, Herbert Marcuse… Il va falloir attendre le début des années 2000 pour que cette perspective recueille une attention beaucoup plus large de la part des milieux militants et académiques.

Attaque et défense de l’analyse économique standard

A la suite de la parution de TLG, Meadows et son équipe doivent faire face aux critiques acerbes des économistes standards. Beckerman (1974) se montre ainsi particulièrement caustique à l’égard de l’équipe du MIT, en déclarant qu’un étudiant inscrit en deuxième année d’économie comprendrait aisément les défauts du modèle World3. La raison invoquée est que ce dernier ne comporte pas de fonction de production ni de prix, éléments essentiels du formalisme et de la rhétorique des théoriciens néo-classiques, sur lesquels repose leur optimisme en matière de poursuite de la croissance.

Paradoxalement, les modèles de croissance élaborés par les économistes standards à partir du milieu des années 1950 – dont le plus fameux est celui de Solow – ne comportent pas de prix, eux non plus – ce que pointe Georgescu-Roegen (1975). Et pour cause, ce sont des modèles de planification : un seul agent décide de l’allocation des ressources d’une économie ne produisant qu’un seul bien !… ce qui n’empêche pas ces mêmes économistes de toujours y associer un discours sur les prix, dont la flexibilité est censée assurer le plein-emploi des ressources et la régulation du système économique (Guerrien, Gun, 2012)5. Le raisonnement est qu’en se raréfiant, les ressources naturelles vont voir leur prix augmenter, ce qui incitera les consommateurs à se reporter sur d’autres produits et les entreprises à investir dans la production d’autres biens fabriqués à l’aide de technologies alternatives. Ainsi, une substitution entre les différents facteurs de production est-elle censée s’opérer afin de répondre à l’épuisement de certaines ressources naturelles.

La fonction de production macroéconomique résume justement les techniques de production dont dispose l’économie6. Dans les modèles de croissance élaborés au cours des années 1950-1960, on ne trouve que deux facteurs de production : du travail et du capital (machines, équipements, infrastructures). La controverse suscitée par le rapport Meadows va amener les théoriciens standards (Solow, 1974) à introduire un autre facteur de production dans leur formalisation : le « capital naturel ». Cette notion, qui a une longue histoire dans l’analyse économique (Missemer, 2017), avait disparu du débat macroéconomique depuis les années 1930. Cette nouvelle reconnaissance est toutefois à relativiser puisque l’hypothèse retenue par les théoriciens standards est qu’il existe une substituabilité forte entre les différents facteurs de production. En d’autres termes, à mesure que le capital naturel se raréfiera ou se dégradera, il pourra être remplacé par d’autres formes de capitaux (machines, infrastructures, compétences…) ; les prix, comme on l’a vu, étant censés jouer un rôle clé dans cette prise de relais. A la suite de Nordhaus (1973), les théoriciens néoclassiques qui critiquent le rapport Meadows introduisent même dans leur modélisation une hypothèse ad hoc sous la forme d’une « backstop technology » qui stipule que l’on disposera toujours d’une technologie de secours pour prendre le relais des technologies existantes en cas d’épuisement des ressources matérielles et énergétiques – à l’époque, ces auteurs forgent de grands espoirs dans l’énergie nucléaire.

Les arguments des théoriciens néoclassiques annoncent le modèle de « soutenabilité faible » qui sera élaboré, une vingtaine d’années plus tard, à la suite de la publication du rapport Brundtland (Vivien, 2005). Seule la question du changement climatique, qui est évoquée dans le rapport Meadows, reçoit une attention particulière de leur part. Nordhaus (1977) va en faire un objet d’étude particulier et développer des modèles qui visent à l’intégrer à l’analyse macroéconomique… pour en tirer des conclusions qui in fine minimisent la gravité des dérèglements climatiques.

L’hypothèse d’un cinquième Kondratiev

Les traditionnels modèles de croissance que nous venons d’évoquer ne sont pas outillés pour prendre en compte le progrès technique – celui-ci est traité de manière exogène7 dans le modèle de Solow. En revanche, c’est l’objet des travaux d’inspiration schumpétérienne de mettre l’accent sur la dynamique des innovations techniques et les cycles économiques qu’elles engendrent – notamment ceux de longue durée, communément appelés les cycles de Kondratiev8, qui ponctuent l’histoire du capitalisme depuis le début du XIXe siècle. Ces études connaissent d’ailleurs un regain d’intérêt au moment où est publié TLG, la fin des trente glorieuses étant interprétée comme la phase descendante d’un quatrième Kondratiev.

La parution de Thinking About the Future: A Critique of the Limits to Growth (Cole et al., 1973) fait, elle aussi, grand bruit. Les économistes néo-schumpétériens y dénoncent une posture qu’ils qualifient de « néomalthusienne ». Christopher Freeman (1973, p. 24), un des principaux auteurs de cet ouvrage, critique les rédacteurs de TLG en ces termes : « Les changements techniques sont au cœur de ce qui nous sépare, nous croyons que […] le groupe du MIT sous-estime les possibilités qui sont offertes par un progrès économique constant. » Quelques années plus tard, le même Freeman (1984) approfondira cette analyse : « les modélisateurs du MIT […], écrit-il, ont commis l’erreur de confondre les limites d’un paradigme particulier et les limites de la croissance de tout le système ». En d’autres termes, selon Freeman, les limites pointées par le rapport Meadows ne sont pas celles de la croissance en tant que telle, mais celles d’un système sociotechnique hérité de l’après-guerre qui repose sur l’énergie fossile à bon marché et la production de masse de produits standardisés. C’est, poursuit Freeman, la phase descendante d’un quatrième Kondratiev qui est à l’origine du pessimisme ambiant, dans les domaines de l’emploi et de l’environnement. Les choses devraient s’arranger quand les économies s’engageront dans la phase ascendante d’un cinquième Kondratiev qui serait caractérisé par le rôle central joué par des technologies vertes – une perspective qui fait écho avec celle que présentera bientôt le rapport Brundtland (CMED, 1987).

La perspective de l’écodéveloppement

Au-delà de la croissance, ce sont les perspectives du développement économique à long terme, telles qu’elles ont été présentées par Walt Rostow (1960), qui sont questionnées par le rapport Meadows. Et ce pas uniquement à travers les interrogations sur les limites du PIB qui sont, elles aussi, relancées à l’occasion de sa parution (Nordhaus, Tobin, 1972). C’est la raison pour laquelle un ensemble d’économistes du développement, qui se sont ouverts à la problématique environnementale, soit récemment, soit depuis longtemps déjà (pensons à Georgescu-Roegen), a pris part à la controverse.

Parmi les nouvelles visions dessinées à cette occasion, on peut citer l’écodéveloppement. Formule, sans réel contenu, au départ, quand elle est inventée en 1972, au lendemain de la conférence de Stockholm, elle va constituer le cadre des discussions menées sous l’égide de l’ONU en vue de rapprocher les questions d’environnement et de développement jusqu’à la fin des années 1980. Durant cette période, un ensemble de travaux et d’expériences menés au Sud et au Nord (Sachs, 1974 ; Leff, 1976) va contribuer à donner corps à cette notion d’écodéveloppement qui prend place entre les approches en termes de « laissez faire » et de décroissance, en entendant s’appuyer sur une planification écologique et une démocratie technique. Bien qu’elle ait été ensuite marginalisée par la notion de développement durable, elle n’a pas complètement disparu du paysage doctrinal contemporain (Figuière, Metereau, 2021).

Conclusion

Le but du rapport Meadows était de susciter un débat sur la dynamique socioéconomique à long terme. Au vu des controverses économiques qui ont suivi sa parution, il a largement atteint son but. Celles-ci questionnent fondamentalement les croyances des économistes – notamment quant à la capacité des innovations techniques et des prix à nous permettre de répondre aux enjeux écologiques, laquelle, comme on l’a vu, est au cœur de l’économie mainstream. Ces controverses, qui s’enracinent dans des débats économiques très anciens, annoncent les discussions qui entoureront les notions de développement durable et de transition écologique, quelques décennies plus tard. Elles sont, en effet, toujours d’actualité.

Bibliographie

Beckerman W. (1972) « Economists, Scientists, and Environmental Catastrophe », Oxford Economic Papers, 24(3), 327-344.

Bosserelle E. (1994) Le cycle Kondratieff. Théories et controverses, Paris, Masson.

Boulding K.E. (1966) « The economics of the coming spaceship earth », in H. Jarrett (ed.), Environmental quality in a growing economy, Baltimore, Johns Hopkins University Press, pp. 3-14.

Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement (1987) Notre avenir à tous, trad. fse, Québec, Ed. du fleuve.

Cole H.S.D., Freeman C., Johoda M., Pavitt K. (1973) Thinking About the Future: A Critique of the Limits to Growth, London, Chatto&Windus for Sussex University Press.

Costanza R., Daly H.E. (1987) « Toward an ecological economics », Ecological Modelling, 38, 1-2, pp. 1-7.

Daly H.E. (1971) « Toward a Stationary State Economy », in J. Harte, R. Socolow (eds), The Patient Earth, New York, Holt, Rinchart & Winston, pp. 236-237.

Figuière C., Metereau R. (2021) « Ecodéveloppement et socio-économie écologique : congruences et complémentarités », Cahiers d’Economie Politique, n°79, pp. 153-190.

Freeman C. (1984) « Promotheus Unbond », Futures, oct., 494-507.

Georgescu-Roegen N. (1971) The Entropy Law and the Economic Process, Cambridge (Mas.), Harvard University Press.

Georgescu-Roegen N. (1975) « Energy and Economic Myths », Southern Economic Journal, 41(3), 347-381.

Georgescu-Roegen N. (1978) « De l’économie politique à la bioéconomie », Revue d’économie politique, 88, 2, pp. 337-382.

Grinevald J., Rens I. (1979) Demain la décroissance, Lausanne, Ed. Pierre-Marcel Favre.

Guerrien B., Gun O. (2012) « Solow (modèle de) », Dictionnaire d’analyse économique, Paris, La Découverte, pp. 483-487.

Leff E. (ed.)(1976) Actas del Primer Simposio sobre Ecodesarrollo, Asociacion Mexicana de Epistemologica, Universidad Nacional Autonoma de Mexico.

Levallois C. (2010) « Can de-growth be considered a policy option? A historical note on Nicholas Georgescu-Roegen and the Club of Rome », Ecological Economics, 69(11), 2271-2278.

Meadows D.H., Meadows D.L., Randers J., Behrens III W.W. (1972) The Limits to Growth, New York, Universe Books.

Meadows D. (1973) « Les limites sur ordinateur », in A. Petitjean (éd.) Quelles limites ? Réponses de D. Meadows, Le Club de Rome, G. Picht, trad. fse, Paris, Le Seuil, pp. 31-65.

Mishan E. (1967) The Costs of Economic Growth, New York, F.A. Praeger.

Missemer A. (2017) Les économistes et la fin des énergies fossiles (1865-1931), Paris, Classiques Garnier.

Nordhaus W.D. (1973) « The Allocation of Energy Resource », Brookings Papers on Economic Activity, 3, 529-576.

Nordhaus W.D. (1977) « Economic Growth and Climate : The Carbon Dioxide Problem », American Economic Review, 67(1), 341-346.

Nordhaus W.D., Tobin J. (1972) « Is Growth Obsolete ? », Economic Research: Retrospect and Prospect, NBER , vol. 5, 1-92.

Sachs I. (1974) « Environnement et styles de développement », Annales, 29, 3, 553-570.

Solow R.M. (1974) « The Economics of Resources of the Resources of Economics », American Economic Review, 64 (2), 2-14.

Vivien F.-D. (2005) Le développement soutenable, Paris, La Découverte, coll. « Repères ».

1 On oppose parfois les économistes « orthodoxes » et « hétérodoxes ». Les premiers s’inscrivent généralement dans la théorie néoclassique qui est le courant de pensée économique dominant (on parle aussi de mainstream ou d’économie standard). Ils postulent la rationalité des acteurs économiques et font globalement confiance au mécanisme des prix et à la loi de l’offre et de la demande pour réguler l’économie. Les seconds, qui s’inscrivent dans différents courants de pensée (post-keynésianisme, marxisme, institutionnalisme…) qui peuvent eux-mêmes s’opposer, mettent l’accent sur les crises que traverse le capitalisme et les rapports de force qui s’y expriment. Ils insistent aussi davantage sur des formes autres de régulation que le marché.

2 J.S. Mill (1806-1873) est un économiste classique qui, à l’inverse de ses devanciers, a une vision optimisme de l’état stationnaire. Il désigne par là une situation où le progrès économique et social ne vise plus à l’accumulation du capital, mais ouvre à un art de vivre reposant sur d’autres rapports sociaux – grâce à la réduction du temps de travail et à une égalité entre les sexes – et d’autres rapports à la nature.

3 Notre traduction.

4La bioéconomie, au sens de Georgescu-Roegen (1978), désigne la problématique particulière de survie à laquelle est confrontée l’espèce humaine. Comme tous les êtres vivants, elle doit lutter contre la loi de l’entropie. Mais son évolution biologique s’est poursuivie sur le plan de la technique : grâce à l’avion, l’homme est capable de voler comme un oiseau ; grâce au sous-marin, il peut plonger comme un cétacé à de très grandes profondeurs… Dès lors, explique Georgescu-Roegen, s’il veut vivre et se développer, l’homme ne doit pas uniquement chercher de la basse entropie pour son métabolisme, il doit aussi en quérir pour maintenir la base matérielle et énergétique des objets techniques qui l’entourent. L’enjeu auquel il est confronté n’est ni strictement biologique ni strictement économique, il est bioéconomique, explique Georgescu-Roegen.

5 Dans leurs raisonnements et prescriptions, les théoriciens néoclassiques se réfèrent toujours à une situation optimale d’un point de vue collectif qui correspond au cas où l’offre est égale à la demande sur l’ensemble des marchés. C’est la flexibilité des prix qui est censée permettre d’atteindre cet équilibre sur tous les marchés. Ces prix permettent aux agents économiques (producteurs et consommateurs) de faire des calculs monétaires et in fine des choix qui maximisent leur bien-être.

6 Une fonction de production est une relation mathématique qui décrit la meilleure combinaison technique possible de facteurs de production (capital, travail) pour produire des biens et des services. Quand on raisonne dans une optique macroéconomique – ce qui est le cas pour les modèles de croissance – les facteurs de production et la production sont des agrégats, des grandeurs synthétiques censées représenter l’économie dans son ensemble. Ce sont généralement les propriétés mathématiques des fonctions de production qui intéressent les économistes, davantage que leur capacité à décrire la réalité des entreprises ou du système productif national.

7 Dans le modèle de Solow (Guerrien, Gun, 2012), les techniques de production disponibles sont connues. Elles sont représentées par la fonction de production qui ne comporte que deux variables : le travail et le capital. Ces deux facteurs de production sont substituables dans des proportions qui, elles aussi, sont connues. Si progrès technique, il y a, il ne peut être expliqué par les caractéristiques du modèle. Il est considéré alors comme “exogène”, comme “extra-économique”. Les modèles de croissance endogène, qui vont être développés à partir du milieu des années 1980, vont tenter de répondre à ce problème.

8 On appelle Kondratief – du nom de l’économiste russe qui a avancé cette idée dans les années 1920 – un cycle long du capitalisme, dont la phase d’expansion correspond à une importante vague ou grappe d’innovations (Bosserelle, 1994). Selon Joseph Schumpeter et ses suivants, quatre Kondratief se seraient ainsi succédé depuis la fin du XVIIIe siècle : le premier (1780-1850) serait caractérisé par l’industrie textile et le charbon ; le deuxième (1850-1900) par la sidérurgie et le chemin de fer ; le troisième (1900-1945) par l’électricité et l’automobile ; le quatrième (1945-1990) par la pétrochimie, l’électronique et l’aéronautique.